Des FLAM renversés

13. Quelles politiques de l’immigration promouvoir à gauche ?


Nous, les Français de l’étranger, souvent émigrés, et immigrants dans notre pays de résidence, pourrions donner quelques idées pour faciliter l’intégration des immigrés en France et en Europe. Notre expérience nous place en situation de devoir nous intéresser plus particulièrement à ce sujet pour nous assurer que les propositions de notre Parti soient suffisamment novatrices et ambitieuses, et ne s’arrêtent pas au vécu actuel hexagonal.

Pour être à l’aise dans notre pays d’émigration, et vivre au mieux la double culture et la double appartenance qui en résultent, nous avons du intégrer une partie au moins de la culture de notre pays d’accueil. Il n’est pas nécessaire ni souhaitable de renier notre culture française d’origine pour réussir nos vies à l’étranger. C’est en restant ce que nous sommes et en y intégrant de nouvelles valeurs, en s’ouvrant à une nouvelle culture que nous devenons capables d’être des ponts entre deux pays, deux environnements, deux référentiels.

Pour nous aider à maintenir cette double culture au delà de la première géneration, le gouvernement français a mis en place en 1999 un programme de subvention pour aider les Français de l’Etranger à faire enseigner la langue et la culture françaises à leurs enfants qui ne sont pas scolarisés dans des écoles francophones ou bilingues. Ce programme FLAM (Français Langue Maternelle) facilite la transmission de ce que nous sommes à nos enfants, et leur permet aussi de garder un lien avec des grands-parents, des cousins, avec la France, sans rendre plus difficile, bien au contraire, l’intégration dans le pays de résidence. La France considère normal, et à juste titre, que les Français de l’étranger souhaitent transmettre leur culture et leur langue à leurs enfants et trouve naturel de les y aider financièrement.

Pourquoi ce qui est vrai pour les Français de l’Etranger ne le serait-il pas pour les étrangers en France? Libérons-nous de ces fantasmes qui voudraient qu’enseigner leur langue d’héritage aux enfants d’immigrés puisse être une menace pour la langue, la culture et l’identité françaises. Apprendre une langue, connaître une culture ne se fait pas au détriment d’une autre. La plupart des Français de l’Etranger sont bilingues, souvent trilingues en fonction des pays dans lesquels ils résident. Ils n’en sont pas moins des relais efficaces de la culture et de langue françaises, d’autant plus qu’en montrant un visage ouvert et tolérant de la France, ils donnent envie de mieux la connaître.

Les enfants d’immigrés, comme nos enfants, peuvent être aussi un pont futur vers le pays d’origine de leurs parents et représenteront un jour un atout pour le développement économique et culturel de la France, si nous les aidons à devenir pleinement Français sans perdre tout contact avec leurs racines et leurs origines. Offrons à tous, en plus des langues habituelles, l’enseignement optionnel des langues principales d’immigration dans les écoles de la République dès le primaire; valorisons ce bagage culturel chez les enfants, facilitant aussi leur succès dans le système scolaire en soulignant toute la richesse qu’ils portent en eux. Favorisons aussi l’enseignement de ces langues aux enfants de familles françaises qui le souhaitent, afin de valoriser aux yeux de tous la connaissance de ces langues et l’apport des cultures étrangères.

Ceux qui se replient frileusement sur le Français comme le meilleur moyen de le défendre font une erreur; sans oublier qu’ils projettent souvent leurs propres incertitudes d’un Français qui ne parle aucune langue étrangère!
Christophe Monier

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Je souhaiterais rebondir sur deux points dans la proposition faite par Christophe :
(1) Tu écris "qu’enseigner leur langue d’héritage aux enfants d’immigrés puisse être une menace pour la langue, la culture et l’identité françaises.". Mais l'enseignement de certaines langues (comme l'arabe, le turc, et autre), cela se fait déjà. Ayant travaillé (certes il y a maintenant longtemps) dans des quartiers à forte population immigrante, j’ai constaté à l’époque que bon nombre d’enfants allaient prendre des cours d’Arabe et autres langues auprès soit d’associations religieuses ou autres. Donc, on pourrait insister dans ton texte sur le fait que ceci se fait déjà, mais dans des conditions qui peut être favorisent le repli communautaire (grande crainte des français).
(2) Tu écrits « Offrons à tous, en plus des langues habituelles, l’enseignement optionnel des langues principales d’immigration dans les écoles de la République dès le primaire; valorisons ce bagage culturel chez les enfants ». Quelles sont les langues habituelles ? Qu’appelles-tu des langues principales d’immigration ? Il faut ici être plus clair et précis à mon avis. Si tu mentionnes « principales » cela veut dire qu’implicitement tu procèdes à une catégorisation de l’importance des langues. Sur quelle base établir cette catégorisation ? En fonction du nombre d’immigrés parlant cette langue ?
En espérant avec mes questions contribuer à enrichir ta proposition.
Sylvie Grosjean (Ottawa)